Qu'est-ce qu'un krach boursier ? Comment anticiper une chute brutale de la bourse ?
Le marché boursier est tenu à une multitude de facteurs, certes économiques, mais également dans bien d'autres secteurs, politique, social, sociétal, environnemental, etc. Il tient par l'équilibre de l'offre et de la demande. Il arrive parfois, par un phénomène de panique engendré par l'un des facteurs précités, que les investisseurs souhaitent revendre leurs actifs en masse, et qu'aucun acheteur ne se présente. C'est alors que l'on peut assister à un krach boursier. Comment l'anticiper ? Comment bien investir pour en limiter ses effets ? Tentons de décomplexifier ce sujet.
Qu'est-ce qu'un krach boursier ?
Un krach boursier se définit comme une chute brutale et de grande ampleur des cours d'une ou de plusieurs catégories d'actifs. Sont donc associés les phénomènes d'effondrement des cours, et de globalisation de cet effondrement, souvent sur plusieurs places financières. La variation des cours fait partie intégrante des marchés financiers, avec des hausses et des baisses des prix des actifs. Cette fluctuation est d'ailleurs l'essence même de la spéculation boursière. Aussi, la définition du krach boursier reste finalement généraliste, puisqu'aucun seuil de chute du prix d'un actif n'est défini pour pouvoir être catégorisé de krach, mais on retiendra toutefois la notion plutôt forte d'effondrement de la bourse.
Comment peut se produire un krach boursier ?
Un krach suit généralement une période de hausse excessive du prix d'un actif. On nomme cette hausse une bulle spéculative. La demande devient si forte, que l'offre se raréfie, et que la valeur de l'actif augmente. Dans les phases de croissance économique, le mécanisme est malheureusement souvent répété : les bulles spéculatives se constituent lorsque des sources de profit donnent lieu à des emballements et que les investisseurs en exagèrent la portée et les potentialités. Les crédits bancaires facilitent l'investissement spéculatif, comme en France, le principe de la défiscalisation qui incite au financement de l'économie par les fonds privés. Tout fonctionne correctement, jusqu'à ce que la majorité des spéculateurs prenne conscience qu'un sommet a été atteint, que l'actif ne peut pas raisonnablement valoir plus cher qu'il ne vaut déjà. Le marché se trouve donc avec une multitude de vendeurs, mais pas de nouveaux acheteurs.
C'est là que l'actif dévalue très rapidement, et peut provoquer le krach boursier par l'effet de panique. La course aux plus-values commence, mais les prix s'orientent à la baisse. Le plus souvent, la liquidation dégénère puisque certains voient leur investissement anéanti, leurs capitaux perdus, et l'impossibilité de rembourser les crédits engagés pour spéculer. La panique entraîne la panique.
Quels sont les krachs boursiers les plus célèbres de l'Histoire ?
Plusieurs krachs boursiers ont marqué l'économie internationale, mais revenons sur les deux plus grands krachs boursiers de l'histoire, tous deux liés à la Bourse de New York :
Le krach boursier de 1929
Le krach boursier de 1929 est assurément le plus marquant de l'histoire boursière. Il a d'ailleurs marqué le début de "la Grande Dépression", comme fut nommée la plus grande crise économique du 20ème siècle. Revenons sur les raisons qui l'ont provoqué, et les conséquences internationales qu'il a engendrées.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'endettement des Etats européens ayant pris part au conflit a conduit ces derniers à suspendre la convertibilité de leur monnaie en or. Ce ne sera qu'en 1922 que la convertibilité sera globalement rétablie par la conférence de Gênes. L'inflation explose alors en 1923, et c'est ici que l'Allemagne décide de créer une nouvelle monnaie : le Reichsmark. La reprise économique reste fragile, et n'est quasiment engagée que par la spéculation des acteurs financiers qui anticipent une hausse continue de la production liée à une consommation de masse. Un schéma classique d'après guerre. La consommation est ainsi relancée, et le plein-emploi est soutenu. Les cours de la Bourse augmentent entre 1927 et 1929 d'une manière fulgurante, presque incontrôlable. Les petits épargnants vont suivre cette évolution incroyable, et tenter de financer leurs crédits immobiliers en investissant sur des valeurs très risquées, mais hautement prometteuses en cette période de forte reprise économique. Puis arrive le fameux jeudi 24 octobre 1929, que l'on nommera depuis le "jeudi noir". Ce jour là, la Bourse de New York s'enflamme, puis s'effondre littéralement. Des millions de titres sont mis en vente, mais la majorité d'entre eux ne trouvent pas d'acheteurs, ce qui leur fait perdre une part très importante de leur valeur. Les petits investisseurs, et bien d'autres aussi, sont totalement ruinés, et dans l'impossibilité de rembourser leurs dettes. La crise sera partiellement endiguée par les grandes banques, mais elle s'installera de manière durable sous forme de récession.
Les conséquences de ce krach boursier se sont répercutées par effet papillon. Les banques sont durement frappées, et décident alors de réduire leurs crédits aux entreprises et aux particuliers. Plus de 23 000 entreprises américaines font faillite. Face à une demande qui chute, les entreprises sont en surproduction, ce qui les conduit à effectuer des licenciements économiques massifs. Les Etats-Unis passeront d'un taux de chômage de 3 %, à 32 % en 1932. En Europe, l'Allemagne et l'Autriche principalement connaissent des faillites bancaires. Les pays exportateurs, faute d'acheteurs, sont extrêmement touchés. La France et la Grande-Bretagne, moins liées économiquement aux Etats-Unis, seront moins touchées. Les conséquences deviennent également politiques. La crise sociale incite les populations touchées à se tourner vers des partis d'extrême droite ou d'extrême gauche. C'est dans ce contexte que les nazis arriveront au pouvoir.
Le krach boursier de 1987
Il est intéressant de citer ces deux krachs boursiers qui, s'ils sont les plus importants de l'histoire, ne se sont pas du tout soldés de la même façon. Si la première a installé une crise économique et sociale durable, le second a connu un rebondissement plutôt inattendu.
Retour en 1980. Ronald Reagan achève son second mandat de Président des Etats-Unis, largement populaire par sa révolution libérale, et la confiance retrouvée de son pays avec l'éloignement de la menace de l'URSS en relançant la course à l'armement. L'économie américaine tourne à plein régime, au rythme de CNN, des débuts de l'informatique et de la baise des prix dans le transport aérien. La Bourse de Wall Street à New York bat des records et se laisse gagner par une euphorie fructueuse. Les parfaits ingrédients d'un krach boursier…
Le 19 octobre 1987, en seulement quelques heures, le Dow Jones perd plus de 500 points, soit une chute de plus de 22 %. Cet effondrement entraîne des répercussions dont l'onde de choc se propagera jusqu'aux places de Paris, de Londres et de Hong Kong à une vitesse folle. Actions, obligations, marchés financiers à terme, devises, etc. tous les actifs s'effondrent. Ce krach aurait résulté de la "simple" publication des chiffres grandissant du déficit commercial des Etats-Unis par la production intensive. Avec le recul, les spécialistes placent les fondements de ce krach boursier dans d'autres facteurs, comme notamment la surévaluation du dollar, des taux d'intérêts en augmentation, ainsi que la bulle spéculative formée sur le marché des actions.
Nommé depuis "le black Monday", ce krach n'aura connu des effets que temporaires, dont les pertes auront été effacées seulement deux années après le krach. Pourquoi ? Grâce aux leçons tirées du krach de 1929 et aux évolutions notamment du système des prestations sociales, des mécanismes de soutien aux revenus, à l'impact des syndicats sur les salaires, aux dépôts de garantie pour les banques et les caisses d'épargne, ce qui a donné une forte capacité de résistance à l'économie.
Quelles sont les conséquences d'un krach boursier ?
Un krach boursier se caractérise par l'absence survenue et non anticipée d'acheteurs. Les conséquences s'enchaînent alors par effet papillon :
- Les entreprises se trouvent en surproduction, donc contraintes de licencier, ou de mettre la clé sous la porte;
- Le taux de chômage augmente, favorisant la crise sociale;
- Les particuliers s'endettent et ne peuvent plus faire face;
- La pauvreté augmente, donc la consommation diminue;
- Les échanges internationaux souffrent, chacun se renfermant sur son marché interne;
- Les investisseurs n'ont plus confiance, n'investissent plus, même ceux qui le peuvent encore. Ils misent davantage sur l'épargne que sur l'investissement;
- La crise sociale entraîne la révolte de la population, avec des orientations politiques "dégénératives", dans l'idée d'une envie de manifester son mécontentement en s'orientant vers les extrêmes, sans réelles convictions politiques liées à ces partis.
Il est donc dans l'intérêt de tous, à commencer par les Etats, de rapidement mettre un terme à cet effondrement boursier, en opérant une politique de régulation. Toutefois, nous parlons ici des plus grands krachs boursiers. Heureusement, ils ne sont pas toujours d'une telle ampleur. Toutefois, leurs conséquences restent impactantes à une échelle très large.
Comment mettre fin à un krach boursier ?
Assurément, le facteur temps est une clé indéniable, et il joue en la défaveur de l'économie. Généralement, les krachs boursiers peuvent se résoudre de trois façons différentes :
- Soit les prix tombent si bas que l'on retrouve des acheteurs. Evidemment, de nombreux investisseurs y auront perdu des plumes, mais le marché retrouve un certain équilibre;
- Soit les transactions sont interrompues en fixant une limite à la baisse des prix, ce qui "tue dans l'œuf" l'effet krach boursier;
- Soit un prêteur (les banques centrales ou les fonds de garanties pour les déposants) réussit à convaincre le marché qu'il y aura suffisamment d'argent pour satisfaire la demande de liquidités. Il contre ainsi l'effet panique.
Lors des grands krachs boursiers, qui ont impacté l'économique mondiale, plusieurs thèses ont été avancées, parfois testées, avec ou sans succès, d'autres fois abordées et rapidement abandonnées.
- La déflation : Son principe repose sur le fait d'alléger les charges qui pèsent sur les entreprises, notamment en abaissant les salaires, pour provoquer une baisse des prix et relancer ainsi la consommation. Généralement, ce type de politique s'est soldé par un échec;
- L'intervention de l'Etat dans la régulation de la vie économique : Le principe est fondé sur la relance de la consommation par l'aide aux ménages les plus modestes et une augmentation des impôts pour les plus riches, sur la stimulation de l'investissement par une politique de grands travaux financés par l'Etat et comblés par la relance, ou encore l'injection de monnaie dans l'économie.
Comment anticiper un effondrement de la bourse ?
Malheureusement, il n'existe pas de moyen fiable et sûr d'anticiper un krach boursier avec précision. C'est plutôt logique, puisque s'ils pouvaient être anticipés, ils ne se produiraient jamais. Toutefois, intéressons-nous plutôt aux indicateurs qui analysent les marchés financiers, qui peuvent donner des tendances et évaluer un risque sur certains cours. Pour ce faire, il est possible d'étudier les outils d'analyse suivants :
- Le Trading Moyenne Mobile Exponentielle (MME), qui est un indicateur financier qui cherche à confirmer une tendance déjà existante, ou même à détecter un retournement de tendance, pour permettre aux investisseurs d'identifier le moment propice à l'achat ou à la vente;
- Le Moving Average Convergence Divergence (MACD), qui est un indicateur boursier qui participe à l'analyse technique en étudiant les graphiques des cours pour identifier les tendances et anticiper l'évolution des marchés;
- Les bandes de Bollinger, qui permettent de détecter le moment où le marché passe d'une période de faible volatilité à une période de forte volatilité.
Il sera également bon de suivre et d'analyser les paramètres suivants :
- Surveiller de près les marchés américains : Ils ont un poids très puissant sur le marché international. Une chute de la Bourse américaine aura inévitablement des répercussions sur tous les autres marchés boursiers mondiaux;
- Suivre de près la courbe des taux : Quand un ralentissement de l'économie se prépare, les taux d'intérêts sont plutôt bas sur des actifs à maturité longue, laissant présageant une faible croissance;
- Suivre le niveau de chômage, notamment américain. La hausse du chômage est signe d'un ralentissement économique puisqu'il entraînera une baisse de la consommation;
- Etudier le nombre de défauts bancaires relevés, souvent liés à une baisse globale des revenus et l'incapacité des ménages à rembourser leurs dettes. Ces taux de défauts augmentent souvent avant une période de récession;
- Etudier la liquidité des marchés, en analysant le nombre d'actions qui participent ou non à la hausse des marchés, pour mesurer la santé des entreprises indépendamment de leur poids dans l'indice. Lorsque la liquidité augmente, c'est que les grands investisseurs vendent leurs petites capitalisations pour replacer leur capital sur les entreprises plus solides;
- Analyser une éventuelle survalorisation d'un marché : Ils ne sont pas toujours signe d'un krach boursier, mais c'est un risque important. Certains marchés surévalués continuent à monter et se stabilisent, quand d'autres chutent lourdement;
- Etudier l'actualité internationale : Si certains évènements sont imprévisibles, comme ce fut le cas de la pandémie du Covid, d'autres le sont, comme les conflits géopolitiques, les guerres, certaines catastrophes climatiques ou environnementales, etc.
Quelles bonnes pratiques adopter dans ses investissements pour limiter les risques liés à un potentiel krach boursier ?
L'ensemble des éléments précités sont des sortes de bonnes pratiques à adopter lorsque l'on investit, que l'on peut résumer par une analyse fine du marché et des tendances, chaque jour, au quotidien. Toutefois, pour les investisseurs novices, il est évidemment plutôt difficile d'opérer ce type d'analyse, voire impossible en réalité, compte tenu de l'évolution permanente des cours et de la technicité qu'une telle analyse demande. Aussi, il sera recommandé de suivre les conseils suivants :
- Diversifier ses investissements : Multiplier les lignes de son portefeuille en diversifiant ses classes d'actifs par des obligations, des actions, des warrants, etc., mais aussi en diversifiant géographiquement ses investissements, est le meilleur moyen de limiter son risque de perte en capital, ou plutôt de le diluer;
- Investir progressivement : Pour un novice, il est préférable d'investir de manière programmée, au gré de sa capacité d'épargne, et des plus-values générées. Mieux vaut miser sur un investissement automatique et régulier, sur du long terme;
- Etre préparé à la possibilité d'une perte de capital : Si c'est lourdement explicité par les gestionnaires de portefeuille, c'est souvent rapidement oublié par les investisseurs en herbe. Or le risque est réel, et doit être entièrement considéré. Souvent, les investisseurs novices sont les premiers à favoriser leur propre perte, et à conduire au krach boursier, en cédant à l'effet "moutons", en suivant la tendance par la vente dès que les cours baissent, et l'achat dès qu'ils montent;
- Couvrir son portefeuille par des produits dérivés : Il s'agit d'instruments financiers sous-jacents d'un actif, qui permettent de négocier le prix de vente ou d'achat d'un actif en amont, et de sceller l'engagement de l'acheteur et du vendeur par un contrat. Ainsi, la vente ou l'achat est assuré dans les termes engagés;
- Rester focaliser sur l'idée du long terme : L'investissement en bourse doit être pensé sur le long terme. Certains marchés son volatiles, et il ne faut pas céder aux légères fluctuations. C'est l'engouement pour l'envie de capitaliser rapidement qui entraîne le phénomène des bulles spéculatives qui amènent au krach boursier;
- Investir dans l'or et les obligations : Autrement dit, investir dans les placements les plus sûrs, historiquement considérés comme des placements "refuges" lorsque tout s'écroule;
- Utiliser les ordres à seuil de déclenchement : Il s'agit d'ordres de vente qui permettent de déterminer le montant maximal de perte que l'investisseur est prêt à subir sur un actif en cas de chute de la bourse. Une fois atteint, il sera automatiquement vendu.
Pour finir, ajoutons qu'il est hautement recommandé de se faire accompagner en optant pour une gestion déléguée à des professionnels experts de la finance et des marchés boursiers. Les investisseurs particuliers novices sont souvent bercés d'illusions par des promesses racoleuses de très haut rendement ultra rapide. En Bourse, rien n'est jamais certain, bien que des tendances se dessinent. Le risque pris ne peut être annihilé, il reste présent, mais peut être mesuré grâce à une gestion continue, raisonnée et raisonnable.
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